Le processus de deuil : un cheminement émotionnel complexe

Les étapes du deuil

 » L’âme est un cristal et l’amour sa lumière  » 

Angelus Silesius

 

Le deuil est un processus naturel et nécessaire que nous traversons suite à la perte d’un être cher. Bien que chaque expérience soit unique, les spécialistes ont identifié plusieurs étapes communes que la plupart des personnes endeuillées traversent. Le modèle des 5 étapes du deuil a été initialement développé par Elisabeth Kübler-Ross pour décrire le processus vécu par les patients en phase terminale, et non spécifiquement pour le deuil après la perte d’un proche. Son application au deuil a été généralisée par la suite.
Examinons ces étapes en détail, en gardant à l’esprit qu’elles ne se déroulent pas nécessairement dans un ordre précis et peuvent se chevaucher.

Les étapes du deuil:

Le choc et le déni

La première réaction à l’annonce d’un décès est souvent un état de choc profond. Par exemple : « Quand on m’a annoncé la mort subite de ma femme, j’ai eu l’impression que le monde s’arrêtait. Je n’arrivais pas à y croire, je pensais que c’était une erreur. »

Cette phase de déni agit comme un mécanisme de protection, permettant à notre esprit de traiter progressivement la réalité de la perte. Il est courant d’avoir des pensées telles que « Ce n’est pas possible » ou « Il va revenir ».

Durant cette première étape, on peut ressentir :
• Un engourdissement émotionnel
• Une sensation d’irréalité, comme si on était dans un rêve
• Un sentiment de vide intérieur
• De la confusion et de la désorientation
Cette étape peut durer de quelques heures à plusieurs jours.

La colère

Une fois le choc initial passé, la colère peut surgir. Cette émotion peut être dirigée vers soi-même, le défunt, les médecins, ou même Dieu. Par exemple : « J’étais furieux contre le conducteur ivre qui avait causé l’accident, mais aussi contre ma fille pour être montée dans cette voiture. Je me sentais coupable de ressentir ça, mais c’était plus fort que moi. » La colère est une réaction normale face à l’injustice ressentie. Elle peut aider à extérioriser la douleur et à commencer à accepter la réalité de la perte.
Cette phase se caractérise par :
• Une irritabilité accrue
• Un sentiment d’injustice profond
• De la frustration et de l’amertume
• Parfois de l’agressivité envers soi-même ou les autres

Le marchandage

Cette étape se caractérise par des « et si » et des tentatives de négociation, souvent avec une puissance supérieure, le destin, etc ou avec soi-même. Par exemple : « Je me suis surprise à prier, en promettant d’être une meilleure personne si ma mère pouvait revenir. C’était irrationnel, mais ça m’aidait à supporter la douleur. » Ou « Si mon enfant revenait, je me comporterais de manière différente avec lui : je serais moins stricte sur les notes, je le laisserais voir plus souvent ses copains, manger plus de glaces etc. »
On peut alors éprouver :
• Un sentiment d’impuissance
• De la culpabilité
• Un besoin intense de négocier avec une puissance supérieure
• De l’anxiété face à l’avenir

Le marchandage est une façon de reprendre un semblant de contrôle sur une situation qui nous échappe totalement.

La dépression

La tristesse profonde est une étape inévitable du processus de deuil. Elle se manifeste souvent par un manque d’énergie, des troubles du sommeil et de l’appétit, et un désintérêt pour les activités habituelles.
« Il y a des jours où je n’ai même pas la force de me lever. La maison me semble vide et silencieuse. Je me demande parfois si je retrouverai un jour le goût de vivre. » Cette phase de dépression est une réponse naturelle à la perte.

Cette phase difficile se manifeste par :
• Une profonde tristesse
• Un manque d’énergie et de motivation
• Des troubles du sommeil et de l’appétit
• Un sentiment de solitude et d’isolement

Elle permet de prendre pleinement conscience de la réalité et de l’ampleur de la perte.

L’acceptation

L’acceptation ne signifie pas que l’on est « heureux » de la perte, mais plutôt que l’on apprend à vivre avec. Jeanne, qui a perdu son frère il y a deux ans, explique : « Je pense toujours à lui chaque jour, mais la douleur est moins vive. J’ai appris à chérir les bons souvenirs et à continuer ma vie, tout en gardant une place pour lui dans mon cœur. »

Progressivement, on peut ressentir :
• Un apaisement émotionnel
• Une capacité à se remémorer le défunt sans douleur intense
• Un regain d’énergie et d’intérêt pour la vie
• Un sentiment de paix intérieure

Cette étape se caractérise par une certaine sérénité retrouvée et la capacité à se projeter à nouveau dans l’avenir.

La reconstruction

Certains spécialistes ajoutent une sixième étape : la reconstruction. C’est le moment où la personne endeuillée commence à reprendre goût à la vie et à se réinvestir dans de nouveaux projets. Par exemple : « J’ai commencé à faire du bénévolat dans une association. Ça m’a permis de rencontrer de nouvelles personnes et de me sentir à nouveau utile. Je sais que ma femme aurait voulu que je continue à vivre pleinement « .

Pendant la phase de reconstruction du deuil, on peut ressentir plusieurs sensations :
• Un regain d’énergie et de motivation.
• Un sentiment d’apaisement émotionnel.
• Une capacité à se projeter dans l’avenir.
• Un désir de s’ouvrir à nouveau aux autres.
• Un sentiment de culpabilité parfois. Certaines personnes peuvent se sentir coupables de commencer à aller mieux et de « tourner la page ».
• Une forme de libération. La personne s’autorise à vivre sans l’autre et à reprendre le cours de sa vie.

Le processus de deuil n’est pas linéaire : on peut passer d’une étape à l’autre, revenir en arrière, ou même expérimenter plusieurs étapes simultanément. L’essentiel est de reconnaître que toutes ces émotions font partie du processus naturel du deuil et qu’il est normal de les ressentir. Bien que ces étapes du deuil soient reconnues dans de nombreux modèles de deuil, ils ne sont pas obligatoires ni universels. L’essentiel est de respecter le cheminement individuel de chaque personne en deuil, sans chercher à le faire correspondre à un modèle préétabli. Si vous ou un proche traversez un deuil, rappelez-vous qu’il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » façon de vivre cette expérience, tant que le processus mène à une adaptation saine à la perte.

Personne en deuil

Deuil Normal et Deuil Pathologique

Pour différencier le deuil normal du deuil pathologique, il est important de comprendre les caractéristiques de chacun :

Le deuil normal

Le deuil normal est un processus naturel et nécessaire suite à la perte d’un être cher. Il se caractérise par :
• Une durée variable selon les individus, généralement de quelques mois à un an
• Des émotions intenses mais qui s’atténuent progressivement avec le temps
• La capacité à reprendre peu à peu ses activités quotidiennes
• Des souvenirs du défunt qui deviennent moins douloureux avec le temps
• L’acceptation progressive de la réalité de la perte

Par exemple, Marie qui a perdu son mari pourra ressentir une profonde tristesse pendant plusieurs mois, mais arrivera progressivement à reprendre le cours de sa vie tout en gardant le souvenir de son époux.

Le deuil pathologique

Le deuil pathologique, aussi appelé deuil compliqué ou prolongé, se distingue par :
• Une intensité et une durée anormalement longues des symptômes (au-delà de 6 mois à 1 an)
• Une incapacité persistante à accepter la réalité de la perte
• Des pensées obsessionnelles concernant le défunt
• Un dysfonctionnement important dans la vie quotidienne et sociale
• Des symptômes physiques et psychologiques sévères (dépression, anxiété, etc.)
Par exemple, Pierre, qui a perdu sa fille il y a 2 ans, reste incapable de retourner travailler, évite tout contact social et passe ses journées à regarder des photos de sa fille décédée.

Signes distinctifs du deuil pathologique

Quelques signes permettent d’identifier un deuil pathologique :
• Une culpabilité exacerbée et persistante
• Un isolement social majeur
• Des comportements à risque ou des idées suicidaires récurrentes
• Une incapacité à évoquer le défunt sans détresse intense
• Un déni prolongé de la réalité de la perte
• Des symptômes physiques invalidants (troubles du sommeil, de l’appétit, etc.)

Il est important de noter que le passage d’un deuil normal à un deuil pathologique n’est pas toujours évident à identifier. C’est l’intensité, la durée et l’impact sur le fonctionnement qui permettent de faire la distinction. Si vous ou un proche présentez plusieurs de ces signes au-delà de 6 mois après la perte, il est recommandé de consulter un professionnel de santé mentale. Un accompagnement thérapeutique adapté peut aider à surmonter un deuil compliqué et à retrouver progressivement un équilibre de vie.

 

Deuil Réconfort

 

Quelques conseils pour aider une personne endeuillée :

Être présent et à l’écoute

La présence et l’écoute sont essentielles pour soutenir une personne endeuillée :
• Faites-lui savoir que vous êtes là pour elle, sans vous imposer
• Écoutez-la attentivement, sans juger ni interrompre
• Laissez-la exprimer ses émotions librement, même si c’est douloureux à entendre
• Respectez ses silences et son besoin d’être seule par moments

Encourager l’expression des émotions et des souvenirs

• Invitez la personne à parler du défunt et de leur relation
• Posez des questions sur ce qui s’est passé (maladie, accident, etc.)
• N’ayez pas peur d’évoquer le nom du défunt
• Laissez-la répéter les mêmes choses, c’est normal et nécessaire dans le processus de deuil

Offrir une aide concrète

• Proposez votre aide pour les tâches quotidiennes (courses, ménage, etc.)
• Suggérez des activités pour la distraire si elle en ressent le besoin
• Aidez-la dans les démarches administratives si nécessaire

Être patient et présent sur le long terme

• Respectez le rythme de la personne, le deuil prend du temps
• Continuez à prendre des nouvelles régulièrement, même après plusieurs mois
• Adaptez votre soutien à l’évolution de ses besoins

Éviter certains comportements

• Ne minimisez pas sa peine avec des phrases comme « La vie continue »
• Évitez de donner trop de conseils ou de vouloir accélérer le processus de deuil
• Ne disparaissez pas après les funérailles, c’est souvent là que le soutien est le plus nécessaire
L’essentiel est d’être présent, à l’écoute, et de respecter le rythme et les besoins de la personne endeuillée. Chaque deuil est unique, il n’y a donc pas de formule magique, mais votre présence bienveillante et votre soutien seront précieux pour l’aider à traverser cette épreuve.

Si vous ou un proche traversez un deuil, rappelez-vous qu’il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » façon de vivre cette expérience, tant que le processus mène à une adaptation saine à la perte.

En guise de conclusion, permettez-moi de vous livrer ces quelques mots:

Le deuil est un voyage bouleversant, une tempête qui secoue notre âme jusqu’au plus profond de son être. C’est une épreuve qui nous arrache le cœur, qui nous fait vaciller sur nos jambes et qui, parfois, nous fait douter de notre capacité à continuer. Mais souvenez-vous, que même dans les moments les plus sombres, une lueur d’espoir persiste.

Chaque larme versée est un hommage à l’amour que nous avons partagé. Chaque souvenir douloureux est le témoignage d’une vie qui a compté. Et chaque pas que nous faisons, aussi petit soit-il, est une victoire sur le chagrin qui nous étreint.

N’oubliez jamais que vous n’êtes pas seuls dans cette épreuve. Tendez la main, ouvrez votre cœur. L’amour et le soutien de ceux qui vous entourent sont comme un baume apaisant sur vos blessures. Ensemble, nous pouvons traverser les ténèbres et retrouver la lumière.

Le chemin du deuil est long et sinueux, mais il mène à une paix retrouvée, à une nouvelle façon d’aimer ceux qui nous ont quittés. Alors, avancez pas à pas, jour après jour, avec courage et espoir. Car au bout du chemin, vous découvrirez que l’amour est plus fort que la mort, et que ceux que nous avons aimés vivent à jamais dans nos cœurs.

 

Un petit coucou à mon PAPA:

« Tout l’amour qu’on a en soi, on l’emporte avec soi ».

 

 

Sources :

https://www.happyend.life/les-5-etapes-du-deuil-selon-kubler-ross/

https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-psycho-psychiatrie/2680165-deuil-definition-etapes-phase-duree-complique-pathologique-comment-surmonter/

https://www.cairn.info/revue-etudes-2001-11-page-475.htm

https://www.mutuelleverte.com/dossiers-thematiques/deuil-mort-perte/

https://www.santiane.fr/assurance-obseques/guides/effets-physiques-du-deuil

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